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La Rahla - Amicale des Sahariens

Abdelkader Hiri : « À Tamanrasset, les gens appellent la spiruline le sang vert ! »

SpirulineAbdelKader Hiri est docteur en géophysique-géomagnétisme de l’université parisienne Pierre et Marie Curie (UPMC). En juin dernier, il a participé au Salon des Solidarités, à Paris, pour présenter la spiruline du Hoggar et l’association Sahara Spirulina qu’il a créée à Tamanrasset. Cette association a pour but d’assurer le développement et la promotion de cette algue microscopique aux propriétés nutritionnelles exceptionnelles. Une algue très à la mode mais connue et consommée au Sahara depuis des millénaires, en particulier au Tchad sous le nom de dihé.

Depuis quand vous intéressez-vous à la spiruline ?
Depuis une quinzaine d’années. C’est la mise au point du milieu de culture basique de cette micro algue avec les sels minéraux locaux qui m’a pris le plus de temps. Maintenant, c’est fait ! Je produis de la spiruline à Tamanrasset pour la faire connaître, pour former de futurs algoculteurs de spiruline en zones arides, encadrer des travaux d’étudiants et contribuer localement à lutter contre la malnutrition dans le monde. En effet, la spiruline contient presque 70 % de protéines. Elle est reconnue comme un complément alimentaire également très riche en vitamines et en acides aminés. Elle possède une digestibilité exceptionnelle, identique à celle du lait maternel, ne nécessite aucune cuisson ni traitement spécial et ses constituants sont directement assimilables par l’organisme. La spiruline peut être administrée aux enfants en cas de carence en vitamines, malnutrition, troubles de l’attention ; aux personnes âgées manquant d’oligo-éléments ou d’acides gras essentiels ; aux femmes enceintes, avant et après l’accouchement puis pendant l’allaitement, pour lutter contre la carence en fer ; aux malades suivant une chimiothérapie déséquilibrante, souffrant d’anémie…

Qu’est-ce que la spiruline peut apporter dans cette région du Sahara ?
Pour cultiver la spiruline il faut de l’espace, du soleil, un peu d’eau, de la chaleur et des sels minéraux. Tous ces éléments se trouvent au Sahara. Sa production est simple à mettre en œuvre car la souche est maintenant disponible sur place. En effet sur les indications du docteur Étienne Boileau, j’ai pu localiser en 2004, dans le massif cristallin du Hoggar, quelques filaments de spiruline. Après avoir reconstitué le milieu de culture naturel de ces filaments, présents en ces lieux depuis plusieurs millions d’années, le processus s’est amorcé : cette souche est devenue la souche du Hoggar BEHATAM (pour Boileau, Étienne, Hiri Abdelkader, TAManrasset, ndlr). Notre spiruline a déjà obtenu de très bons résultats : par exemple, nous espérons pouvoir venir en aide aux paludéens. Et quand elle fond dans la bouche, cette algue laisse sur la langue pendant quelques minutes une trace verte due à la forte teneur en chlorophylle qu’elle contient : à Tamanrasset, les gens l’appellent « le sang vert ». Aujourd’hui, en Algérie, les bienfaits de cette algue commencent à être connus et le développement de cette algoculture est de plus en plus envisagé.

Comment s’organise votre production ?
Nous avons le soutien des autorités locales pour le démarrage de la première unité de production de spiruline en Algérie. Cette unité prévoit dans l’avenir une production de 20 kg/jour de spiruline une fois la vitesse de croisière atteinte. Nous avons construit 15 bassins de 20 m² chacun, 4 bassins de 4 m² et 6 bassins de 2 m². Le développement avance au rythme de nos capacités de financement. Actuellement, nous produisons de petites quantités de spiruline, environ 40 grammes/jour de spiruline sèche que nous donnons aux personnes qui en ont besoin. Notre association Sahara Spirulina organise aussi des stages d’initiation à la culture de la spiruline pour les mères de famille et des sessions d’information ayant pour thème alimentation et spiruline.